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Le vol des étourneaux, miracle d'organisation a-politique ?


La structure ‘‘politique’’ du vol des étourneaux
Ce texte est de Jean-Christophe Bailly.

Nous cherchons la structure politique qui tient les hommes ensemble comme séparé, qui produit un espace de liaison entre des hommes non pas égaux mais distincts et singuliers : le vol des étourneaux pourrait nous y aider.

Je voudrais revenir sur les vols d’étourneaux. Vous avez tous observé cela, à la bonne saison, ces extraordinaires figures, balais, que forment les étourneaux. Ils forment des filets, des structures en filets, liquides, qui se déplacent, et qui sont des objets mathématiques absolument sublimes. On a toujours eu beaucoup de mal à comprendre comment ils faisaient : pour ne pas se quitter, s’éparpiller, et comment ils faisaient pour ne pas non plus s’agglutiner.
Il est apparu, contrairement à ce que l’on pense, que cette structure n’est possible que s’il n’y a pas de chef, s’il n’y a pas de leader, d’une part. Et cette structure n’est possible, aussi, que parce que les liaisons sont peu nombreuses, c’est-à-dire que chaque étourneau, donc chaque point du filet d’étourneaux, est lié à peu près à sept ou huit autres étourneaux, dans un lien qui est constamment modifiable – c’est-à-dire que ce n’est pas les sept ou huit même. C’est comme ça tout le temps, et c’est ce ‘‘comme ça tout le temps’’ qui structure la tenue du filet. Or, ce qui m’intéresse là-dedans comme image, c’est qu’on ne peut pas parler d’égalité des étourneaux entre eux, mais on peut parler d’une structure politique, si l’on peut dire, en tous cas spatiale, qui les tient ensemble comme séparé.
Cette structure qui tient les hommes ensemble comme séparé, c’est peut-être ce que vainement, depuis qu’il y a des hommes, nous cherchons. Il y aurait à creuser d’avantage du côté de voir comment l’espacement n’est possible comme espacement, que parce qu’il espace des distincts, et non pas des semblables. Dans le discours de l’égalité, dans le discours des semblables, dans le discours des égaux, il y a la déposition d’une pensée toujours séparatrice et toujours hiérarchique, ou du moins, d’une pensée qui n’est pas capable, qui n’a pas su séparer la séparation de la hiérarchisation. Et c’est d’autant plus pénible et tracassant, que dès lors qu’il y a représentation, au sens politique, il y a forcément quelque chose de cela de cette non séparation entre la séparation et la hiérarchisation qui se pointe et qui revient.

(Paroles de Jean-Christophe Bailly exprimées lors des Samedis du livre du Collège International de Philosophie, ayant pour thème : « L’homme sans. Politiques de la finitude de Martin Crowley », réunion tenue sous la responsabilité de Gisèle Berkman (avec Jean-Christophe Bailly, Gisèle Berkman, Martin Crowley et Jean-Luc Nancy), enregistré le 20 mars 2010, et diffusée sur le site de France Culture :
http://www.franceculture.com/culture-ac-les-samedis-du-livre-l-homme-sans-politiques-de-la-finitude-de-martin-crowley.html )


Créé par: thanh dernière modification: Dimanche 26 of Septembre, 2010 [10:59:41 UTC] par thanh


Des abeilles et des hommes
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